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Page:Daudet - La Police et les chouans sous le Consulat et l’Empire, 1895.djvu/135

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Le ministère public avait requis la peine de mort contre Canchy, Mauduisson, Gaudin et Lacroix, contre Mme Lacroix une condamnation à vingt-quatre ans de prison, à six ans contre le fermier Jourgeron et sa femme. Le tribunal répondit à son réquisitoire en rendant un jugement qui concluait à une instruction nouvelle, « attendu, y était-il dit, que Clément de Ris, sa femme et son fils n’ont pas été cités, qu’on ne les a pas confrontés avec les accusés et qu’on ne sait s’ils persistent dans leurs premières déclarations ». La cour de cassation cassa ce jugement sans prononcer sur le fond et uniquement pour des causes tirées de l’incompétence de ceux qui l’avaient rendu. Elle renvoya l’affaire devant le tribunal spécial d’Angers, qui fut composé pour la circonstance de quatre juges de la cour criminelle de Maine-et-Loire et de trois officiers.

Devant cette nouvelle juridiction, le procès se déroula tel qu’il s’était déroulé devant la première. Clément de Ris ne parut pas, malgré les réclamations réitérées des défenseurs. Le chirurgien Petit persista à ne reconnaître aucun des accusés. On ne vit ni Bourmont, ni aucun des chouans qui avaient opéré la délivrance du sénateur et le ministère public, à Angers, présenta les mêmes conclusions qu’à Tours.

L’arrêt fut rendu le 2 novembre, Canchy, Mauduisson et Gaudin étaient condamnés à mort, les époux Lacroix à six ans de gêne et à quatre heures d’exposition sur l’échafaud ; les autres accusés acquittés. En entendant prononcer cette sentence, la marquise de Canchy, qui avait assisté aux débats, voulut se suicider. Chauveau-Lagarde lui arracha des mains le pistolet dont elle allait se servir et l’emmena, en lui donnant l’espérance que sa douleur attendrirait le premier Consul et lui arracherait un décret de grâce. Tandis qu’au milieu de l’émotion