Page:Daudet - La Police et les chouans sous le Consulat et l’Empire, 1895.djvu/148

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Châteaulin. On l’avait dépouillé de sa redingote et de quelques papiers. Mais ses valises ouvertes gisaient à côté de lui avec les objets qu’elles contenaient. Sa bourse était dans sa poche, on n’y avait pas touché. Dans la relation romanesque que je viens de citer, il est dit encore que les chouans enlevèrent sa mitre, sa crosse, et, avant de s’éloigner, mirent dans une de ses mains une boîte renfermant du saint chrême, dans l’autre, un mandement qu’il venait de publier.


III

Une instruction judiciaire s’ouvrit aussitôt à Quimper. Mais d’abord elle demeura infructueuse. En dépit d’innombrables arrestations, on ne parvint pas à se saisir des assassins : ce ne fut qu’au bout de quelques mois, que, l’un d’eux ayant été pris, on put reconstituer les circonstances du crime et en connaître les auteurs. Ils étaient au nombre de douze.

L’acte d’accusation les désigne comme suit : « La Grandeur, tué dans une action depuis l’événement, Baudau, sabotier, dit Sans-Quartier, Lemoine, domestique, dit Pot-Quimper, Jaouen, tisserand, demeurant chez Yves Petillon, François Legrand, surnommé Sans-Chagrin, Jean Ropars, valet, cultivateur à Tremarec en Briec, Jean Laguilly, mort depuis dans les prisons de Brest, Daniel Poulien, valet, cultivateur chez François Raunoir, à Pennanech en Briec, un nommé Louis Allemand, déserteur, portant sur le bras l’empreinte du bonnet de la liberté, haut de cinq pieds quatre pouces, âgé d’environ trente ans et de figure maigre, Baptiste