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Page:Daudet - La Police et les chouans sous le Consulat et l’Empire, 1895.djvu/171

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concierge favorisait leurs relations avec le dehors, transportait leurs lettres, recevait les réponses, l’argent qu’on apportait pour eux. Il ouvrait facilement aux visiteurs la porte de leur cachot. Saint-Hubert et Daniaud-Duperrat, quoique bien portants, obtinrent des médecins des certificats de complaisance sur le vu desquels ils furent conduits à l’hôpital. « Ils ne manquent de rien, écrivait la police de Nantes à Réal. Leurs femmes sont mises avec luxe. Ils ont des ressources cachées. » Et Réal de répondre : « Mettre auprès d’eux des surveillants pour savoir où sont les caisses et les caissiers. »

Cet ordre est daté du 16 août 1805. Quand il arriva à Nantes, Daniaud-Duperrat, malhabile à feindre une maladie, avait été déclaré guéri et ramené en prison. Bertrand-Saint-Hubert restait seul à l’hôpital. On lui donna pour compagnon un voleur de bas étage chargé de l’espionner. Le résultat de cette ingénieuse combinaison fut que les deux détenus, considérés comme malades, s’évadèrent ensemble. L’enquête ordonnée ensuite ne révéla pas les circonstances de leur fuite. Il fut tout aussi impossible de retrouver Saint-Hubert. La population de Nantes, en majorité favorable aux chouans, applaudissait au succès de sa tentative, et, très probablement, c’est dans quelque maison de la ville qu’il s’était réfugié. À la veille d’un procès retentissant, le mauvais esprit des habitants inquiétait le général Travot, commandant de la douzième division militaire. La garnison venait de partir pour Brest. Pour assurer la sécurité publique, il n’avait qu’une poignée de soldats, deux ou trois cents. Il demandait à grands cris quelques renforts. Le ministre de la Police et le ministre de la Guerre lui répondaient qu’on ne pouvait augmenter la garnison dont l’insuffisance l’alarmait « sans compromettre