Page:Daudet - La Police et les chouans sous le Consulat et l’Empire, 1895.djvu/230

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La marquise de Combray était restée au château de Tournebut avec son fils. Il n’est fait, dans les pièces qui sont sous nos yeux, aucune allusion à ce qu’elle pensait de la liaison qui s’était formée entre sa fille et Armand Le Chevallier. On peut en conclure qu’elle l’ignorait, bien qu’elle se défiât de celui-ci et ne tolérât qu’avec répugnance ses assiduités à la Bijude. Il est donc à croire que Mme Aquet de Férolles et Le Chevallier, disposés par ce qu’ils savaient de ses sentiments à se cacher d’elle, lui avaient fait mystère de leur projet et que, comme elle l’affirma au procès, elle n’en eut connaissance qu’après qu’il eut été exécuté. C’est la rumeur publique qui lui en apporta la nouvelle. D’abord, elle ne s’en émut pas, bien loin de soupçonner la participation de sa fille à l’événement. Mais l’arrestation de son fermier de Donnai, Habert, la tira bientôt de son calme. Refusant de croire à la culpabilité de cet homme qui la servait avec dévouement, elle résolut de s’entremettre pour lui et d’aller à Falaise à cet effet. En relations d’amitié avec les magistrats de cette ville, elle pensait qu’il lui suffirait de leur demander la mise en liberté d’Habert pour l’obtenir.

Elle partit le lendemain. Elle avait écrit à sa fille afin de lui annoncer son arrivée à Falaise. Celle-ci vint à sa rencontre jusqu’à Langannerie. Comme elle l’interrogeait, pressée de connaître les circonstances qui avaient entraîné l’arrestation de son fermier, la jeune femme, poussée à bout par les questions réitérées de sa mère et