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Page:Daudet - La Police et les chouans sous le Consulat et l’Empire, 1895.djvu/241

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pratiquée dans cette muraille et de la largeur d’environ quatre-vingt-dix centimètres, et sommes entrés dans une cache large d’un mètre vingt et longue de quatre, pouvant contenir quinze à seize personnes. » On découvrit plusieurs caches pareilles, et dans l’une d’elles, l’atelier d’imprimerie du marquis de Bonneuil, les instructions secrètes de Louis XVIII et son manifeste, tirés déjà à quelques centaines d’exemplaires.

Les pièces de la procédure révèlent l’importance que donna la police à la disparition d’un des chevaux de la marquise de Combray. Elle supposa que le cheval absent avait servi à Lefebvre quand il s’était enfui de Tournebut. Un peu plus tard, ce cheval ayant été retrouvé à Donnai, chez Lanoë, la supposition se transforma en certitude. Tout, au reste, est bien mystérieux dans cette affaire. On n’y avance qu’à travers d’épaisses ténèbres. De nos jours, la publicité à laquelle sont soumis les événements grands et petits aurait vite fait de tirer au clair tout ce que celui-ci présente d’obscur. Mais en ce temps, la presse était muette. Il n’y avait ni chemins de fer, ni télégraphe. De ces lointains souvenirs, on ne trouve que des témoignages incomplets, des traces à demi effacées, et, en ce qui touche la marquise de Combray, il est aussi difficile de la disculper de certains des faits pour lesquels elle fut poursuivie que de prouver qu’elle en avait été complice.

Il est plus aisé de se prononcer sur le véritable rôle des autres accusés, notamment sur celui de Lefebvre. En dehors même de tant de preuves qui accablent le notaire, sa culpabilité est démontrée par le trouble qui s’était emparé de lui dès les premières arrestations. Ce trouble devint tel que sa femme le surprit. Elle en ignorait les causes. Marié depuis quelques mois seulement, il s’était appliqué à lui faire mystère de sa participation