Page:Daudet - La Police et les chouans sous le Consulat et l’Empire, 1895.djvu/252

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Antonio. Celui-ci vit toujours caché. Par sa fille, on lui fait connaître quel service Mme  Aquet de Férolles attend de lui, et on lui promet vingt-cinq louis s’il consent à le rendre. Il répond que, quelque répugnance qu’il ait à quitter sa retraite, il en sortira dans l’intérêt de la bonne amie de Le Chevallier.

– Qu’elle garde son argent, ajoute-t-il ; elle en a plus besoin que moi.

Avec lui, Mme  Aquet de Férolles retourne un soir chez Buquet. Mais celui-ci se tient sur ses gardes. Quand il la voit venir avec Antonio, il s’enfuit ; impossible de le rejoindre. On revient les mains vides. Vanier de la Chauvinière et Bureau de Placène ont manqué leur coup. Celui-ci disparaît. Quant à l’avoué, maintenant qu’il lui est prouvé que Mme  Aquet de Férolles n’est plus bonne à rien, il ne parle que des périls qu’il court en lui donnant asile. Elle comprend, s’éloigne au bout de quelques jours, et de nouveau se livre aux hasards de l’existence aventureuse qu’elle a déjà menée. Reprise de ses idées de suicide, elle tente encore d’y donner suite. Mais toujours quelque circonstance l’en empêche, peut-être aussi l’instinctive terreur de la mort. La malheureuse est à cette heure comme une hirondelle enfermée dans une pièce close et qui, dans ses efforts pour en sortir, va se briser le front aux murs et aux voûtes. Elle est bien véritablement perdue.


VIII

Éclairée par les premières dénonciations de Lefebvre, la police de Fouché ne doutait plus de la culpabilité de {{