Page:Daudet - La Police et les chouans sous le Consulat et l’Empire, 1895.djvu/26

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– Les Bourbons n’ont plus de chance, dit alors Bonaparte. Ils n’ont rien fait pour la gloire ; ils sont oubliés. Que n’étaient-ils dans la Vendée ! C’était là leur place.

– Leur cœur les y a toujours appelés ; la politique des puissances étrangères les en a toujours éloignés.

– Il fallait se jeter dans un bateau de pêche. S’ils eussent été en Vendée, j’aurais travaillé pour eux. Quant à vous, vous avez fait pour leur cause ce que vous deviez faire ; vous êtes braves ; rangez-vous du côté de la gloire, venez sous nos drapeaux ; mon gouvernement sera le gouvernement de la jeunesse et de l’esprit. Vous et les vôtres serez ce que vous voudrez.

Et comme d’Andigné déclare que ni lui ni ses compagnons ne veulent rien être, le premier Consul ajoute :

– Rougiriez-vous de porter un habit que porte Bonaparte ?

– Nullement, mais nous n’irons pas combattre les puissances dont nous étions hier les alliés. Nous avons été obligés d’accepter les secours que l’Angleterre seule pouvait nous donner. Nous ne pouvons l’oublier aussi promptement.

Cette réponse irrite le premier Consul.

– Si vous ne faites pas la paix, s’écrie-t-il, je marcherai sur vous avec cent mille hommes.

– Nous tâcherons de vous prouver que nous sommes dignes de vous combattre.

– J’incendierai vos villes.

– Nous vivrons dans les chaumières.

– Je brûlerai vos chaumières.

– Nous nous retirerons dans les bois. Vous brûlerez la cabane du cultivateur paisible, vous ruinerez les propriétaires qui ne prennent aucune part à la guerre ; mais vous ne nous trouverez que lorsque nous le vou-