Page:Daudet - La Police et les chouans sous le Consulat et l’Empire, 1895.djvu/300

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D’autres agents royalistes apparaissaient ailleurs tour à tour. Des bandes en armes recommençaient à parcourir la Mayenne, la Loire-Inférieure, la Sarthe, l’Orne, le Maine-et-Loire. Elles commettaient des excès chez les particuliers, arrachaient aux mains des gendarmes les déserteurs arrêtés, pillaient les caisses publiques, s’attaquaient aux diligences.

On trouve dans un rapport de Réal à Fouché, très logiquement déduites et minutieusement énumérées, les causes des désordres propagés par les royalistes dans l’Ouest, depuis que Napoléon s’était engagé dans les affaires d’Espagne. Les anciens chouans résidant en Normandie et en Bretagne ; les malfaiteurs qui s’y trouvaient en si grand nombre, et enfin les déserteurs et les conscrits réfractaires fournissaient aux chefs des rebelles un personnel toujours prêt à les seconder.

« Les autorités, disait Réal, ont trop longtemps dissimulé ce mal. Cette masse de déserteurs et de réfractaires est le produit de six ou huit années. Les préfets, chaque année, complètent leurs contingents. Ils l’annoncent avec satisfaction. Mais, ils ne disent pas combien ils ont sauté de numéros, et par conséquent combien de jeunes gens sont absents et se cachent. Ils ne disent pas non plus combien de conscrits partis ont déserté en route, et sont revenus dans le pays où ils sont également cachés. Il ne paraît pas d’ailleurs que l’on exerce des poursuites bien actives contre leurs personnes, soit défaut de moyens suffisants, soit pour ne pas fatiguer le pays, soit plutôt que les préfets, se bornant à être en règle vis-à-vis du gouvernement pour un contingent complet, s’étourdissent sur le présent, et sacrifient l’avenir. »

En résumé, la police s’attendait à de graves événements, voire à l’arrivée de Puisaye. « S’il vient, et il est