Page:Daudet - La Police et les chouans sous le Consulat et l’Empire, 1895.djvu/305

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– Mais la lettre que vous a envoyée votre sœur, Mme de Pontchartry ? objecta le préfet.

– Cette lettre ne m’est pas parvenue, répliqua le marquis. Je suis d’ailleurs brouillé avec ma sœur.

Le préfet, qui s’était promis de l’arrêter si ses réponses n’étaient pas satisfaisantes, n’osa le retenir. Toutefois, avant de le laisser s’éloigner, il lui fit promettre de communiquer aux autorités tout ce qu’il pourrait apprendre sur les projets des chouans.

Cette entrevue avait eu lieu le 4 mars. Au mois de juin, le marquis de Puisaye revint trouver d’abord le sous-préfet de Mortagne, puis, sur le conseil de celui-ci, le préfet de l’Orne. Il en avait long à raconter. Durant un voyage qu’il venait de faire à Pacy, dans le département de l’Eure, une femme restée inconnue s’était présentée chez lui. Ne le rencontrant pas, elle avait laissé un paquet qu’elle était chargée de lui remettre de la part de Prijent. Ce paquet contenait des papiers relatifs à une insurrection prochaine, des cadres d’armées, des listes d’effectifs, des brevets en blanc que le comte de Puisaye expédiait de Londres à son frère, en le chargeant de les distribuer à des gens qu’il croyait disposés à se mettre à la tête de ce mouvement et qu’il désignait à ce titre, encore qu’il ne les eût pas consultés ; enfin deux lettres adressées l’une à la comtesse de Jarnac, par son mari réfugié en Angleterre, l’autre par Prijent lui-même à Mme de Fortia à Paris. Dans celle-ci, Prijent invitait sa correspondante à remettre à la personne qui se présenterait chez elle, au nom du marquis de Puisaye des Joncherets, une somme de cinquante louis, en échange d’une traite tirée de Londres par un sieur Campremont. La traite était jointe au paquet.

Le marquis déposa ces pièces entre les mains du préfet. Portées aussitôt à Paris par Caignou et avant