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Page:Daudet - La Police et les chouans sous le Consulat et l’Empire, 1895.djvu/334

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qu’on s’y attendait, qu’ils ne voulaient plus traiter avec l’Empereur.

La nouvelle de cette déclaration arriva enfin. S’il faut en croire les assertions contenues dans un mémoire inédit du comte de Flavigny et consacré au récit de ces événements, elle fut apportée de Paris en Vendée par le comte Emmanuel d’Harcourt. « Chacun se rendit à son poste, dit M. de Flavigny ; la date du soulèvement fut fixée au lundi de Pâques. Le tocsin, sonné dans toutes les communes du Layon à la mer, devait en donner le signal. » Il y a lieu de mentionner qu’on n’avait réuni que quelques centaines d’hommes résolus. Tout ce qu’on pouvait espérer, c’est qu’ils en entraîneraient d’autres. Mais, le samedi saint, on connut à Nantes l’arrivée des alliés à Paris. Le lundi de Pâques, on la connaissait par toute la Bretagne. Bientôt, en même temps qu’était arboré le drapeau blanc, on acclamait le roi qu’on savait en route vers sa capitale.

Naturellement, l’attaque projetée n’eut pas lieu, sauf dans deux ou trois communes où, la nouvelle du retour des Bourbons n’ayant pu arriver à temps, les habitants exécutèrent les ordres antérieurement donnés et désarmèrent les gendarmes.

L’avènement de Louis XVIII aurait dû, semble-t-il, mettre fin à l’organisation insurrectionnelle de la Vendée. Elle fut cependant conservée, au moins en partie. Les anciens combattants demandaient à leurs chefs le maintien des cadres. Ils étaient, pour la plupart, convaincus qu’avant peu ils seraient amenés à reprendre les armes. Certains actes du nouveau gouvernement les irritaient, entretenaient en eux une sourde défiance. Ils accusaient le roi de méconnaître leurs anciens services, de subir les influences révolutionnaires, de ne pas dépouiller les propriétaires des biens nationaux, de