Page:Daudet - La Police et les chouans sous le Consulat et l’Empire, 1895.djvu/35

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brigandage, en attendant de se reformer pour la guerre civile, à l’appel des chefs qui les ont commandés. Dans la seule année 1800, leur audace se manifeste par toute une suite de faits tragiques, attentatoires à la sûreté de l’État et des citoyens, et notamment par la terrible affaire de la machine infernale.

Napoléon est maintenant éclairé. Il sait contre quels ennemis il est tenu de se défendre. Il sait que sa clémence ne les désarmera pas. Du mois de septembre 1800 au mois de février 1801, on en arrête plus de douze cents. On en condamne deux cent cinquante à mort pour meurtres, incendies et pillages. On en compte cent cinquante tués en résistant aux soldats chargés de les poursuivre. Les exécutions se continuent jusqu’en 1802, enveloppant dans un même sort des héros et des bandits. Le chevaleresque Louis de Frotté, le frère de Georges Cadoudal, plus de cinquante de ses officiers périssent ainsi, sans que ces terribles exemples, les avances de Bonaparte aux chefs vendéens, ses efforts pour les attirer à lui, la paix d’Amiens conclue avec l’Angleterre en 1802 puissent apaiser leur soif de violences et de vengeance.

À ces éléments de rébellion et de trouble, il faut ajouter les menées des émigrés. Les plus intrigants et les plus résolus sont à Londres autour des princes français. Ils ont organisé là une agence que dirige « au nom du Roi » le comte de La Chapelle. Sous les ordres de ce dernier s’agitent Dumouriez, de Puisaye, de Tinseau, de Soissy, Froment, Bertrand de Molleville, de Roll, de Sérent, de Vioménil, de La Pelouse, de Franceval, de Lachâtre, d’autres encore. Ils sont en communication avec la France par Jersey, où le prince de Bouillon représente la cause royale, par la Normandie et la Bretagne, où les agitateurs les plus connus attendent leurs instructions.