Page:Daudet - La Police et les chouans sous le Consulat et l’Empire, 1895.djvu/350

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eut parmi les troupes de violents murmures. Elles allaient se débander. Le marquis de La Rochejaquelein, qui était présent, affirma qu’avant peu de jours elles seraient en possession d’armes et de cartouches en assez grand nombre pour que tout le monde fût armé.

Grâce à ces assurances, les légions conservèrent leurs effectifs. Bientôt, s’engagèrent les divers combats dont l’ensemble forme la campagne des chouans en 1815, combats obscurs et épars où, presque toujours, ils furent battus. Ces combats avaient été précédés par un conseil de guerre tenu à Cholet, où fut arrêté le plan de campagne. Ce plan consistait à chasser de partout les troupes bonapartistes. Difficile était l’entreprise, alors qu’on avait en face de soi des généraux comme Travot et Lamarque, qui s’étaient déjà battus contre les chouans, et des troupes aguerries, supérieures en force à celles que les insurgés pouvaient mettre en ligne. Dans le même conseil, on décida que les anciennes circonscriptions militaires seraient maintenues, et que les commandants des divers corps, les deux La Rochejaquelein, de Sapinaud, de Suzannet, d’Autichamp, d’Andigné, Charette, Du Chaffault devraient se concerter entre eux pour toutes les opérations à entreprendre.

Jusqu’à ce moment, la question du commandement en chef n’était pas résolue. Elle se posa tout à coup avec la prétention qu’émit le marquis de La Rochejaquelein de commander à toute l’armée royale. Comme il déclarait avoir été, à cet effet, autorisé par le roi, il n’y eut pas de protestation. Mais les mécontentements ne purent se dissimuler. Louis de La Rochejaquelein n’avait jamais combattu en Vendée. Son nom y rappelait, il est vrai, les glorieux exploits de son frère aîné mort en 1796. Mais ceci n’était pas assez pour lui donner