Page:Daudet - La Police et les chouans sous le Consulat et l’Empire, 1895.djvu/366

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notamment Michelot-Moulin. Ce dernier avait demandé avec instance l’autorisation de les précéder en Normandie. Il se faisait fort d’y lever facilement un corps de trois mille hommes. L’autorisation qu’il sollicitait lui fut refusée.

Le duc d’Aumont, au moment de débarquer, n’accueillit pas mieux l’avis de Michelot-Moulin, en ce qui concernait le choix du point de débarquement. Ce dernier aurait voulu qu’on abordât entre Coutances et Avranches, en plein Bocage normand, contrées accidentées et boisées propres à la défense comme à l’attaque où il serait facile aux chouans de déjouer les efforts des troupes chargées de les combattre. Au point que désignait Moulin qui connaissait le pays, le duc d’Aumont préféra la côte plate et découverte qui s’étend entre Caen et Bayeux. Il vint s’y briser contre les troupes envoyées à sa rencontre. C’en eût été fait de lui et de ses volontaires, si la nouvelle de la déroute des armées impériales à Waterloo n’eût paralysé l’élan des soldats qui barraient le chemin aux insurgés. Accueillis par une vive fusillade, les royalistes ne durent leur salut qu’au dévouement de la garde nationale de Bayeux. Ils se dispersèrent après avoir été sauvés par celle-ci. Quelques jours après, le roi étant remonté sur son trône, tout rentra dans l’ordre en Normandie comme en Bretagne.

L’effervescence qu’avaient allumée dans ces provinces tant d’émouvants événements serait rapidement tombée si aux chouans n’avaient succédé les Prussiens. Arrivés à Nantes et à Rennes, ils se répandaient par toute la contrée, exigeants, impérieux, frappant les communes de réquisitions sans mesure, vivant sur le pays qu’ils ruinaient. Dans ces circonstances, les chefs vendéens se souvinrent qu’ils étaient Français. Le 3 juillet, Sapinaud,