Page:Daudet - La Police et les chouans sous le Consulat et l’Empire, 1895.djvu/66

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récits incomplets et contradictoires que, d’après des dires plus ou moins autorisés et non d’après des documents, ils ont donnés de sa tentative avortée, sont d’accord pour déclarer que c’est par le poison qu’il devait faire périr Georges. Fouché accepta les offres de Becdelièvre comme il avait accepté celles de Duchatellier. Lorsque, le 5 décembre 1800, celui-ci quitta Paris, depuis cinq jours Becdelièvre était en route, chargé d’une mission analogue, muni de passeports qui lui avaient été délivrés par le ministre de la Police pour lui et pour un compagnon qu’il s’était adjoint.

Ce compagnon, un jeune homme de vingt-deux ans, fils d’un pharmacien de Paris, se nommait Louis-Antoine Laisné. Aide au laboratoire de chimie de médecine, il donnait, paraît-il des leçons de sciences naturelles à Becdelièvre. S’il est aisé de comprendre quel genre de service ce dernier devait attendre des connaissances scientifiques et de la compétence professionnelle du jeune chimiste, il n’est pas démontré que celui-ci eût été prévenu du but du voyage. Becdelièvre allant visiter ses propriétés de Bretagne l’avait invité à l’accompagner. C’est du moins la raison qu’invoqua Laisné pour obtenir de la direction de l’École de médecine le congé qui lui fut accordé.

On a déjà vu en quel état d’esprit les avertissements que Georges recevait de la préfecture de Rennes par l’intermédiaire de Charles d’Hozier l’avaient jeté. Ses résolutions ne purent que se fortifier au reçu d’une lettre de d’Hozier lui annonçant l’arrivée à Rennes de Becdelièvre et de Laisné, ainsi que l’objet de leur voyage. D’Hozier ajoutait qu’il avait reçu leur visite. Becdelièvre, invoquant sa parenté avec Bourmont, s’était dit chargé d’une mission de celui-ci auprès de Georges, et enquis des moyens d’arriver jusqu’à lui. Autant de