Page:Daudet - La Police et les chouans sous le Consulat et l’Empire, 1895.djvu/89

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de sa fuite sont relatées ne reposent que sur des mensonges. Ils auraient été dressés dans l’unique but de dissimuler la vérité et de cacher qu’il était sorti de la citadelle non par la fenêtre mais par la porte. Ce ne sont là que des suppositions sans fondement bien sérieux et encore qu’il n’y ait pas lieu de n’en tenir aucun compte, tout concourt à prouver que Bourmont et Hingant de Saint-Maur ne durent la liberté qu’à eux-mêmes. Bourmont parvint à un âge avancé ; il fut maréchal de France. Il parlait souvent de ses aventures passées. Il n’a jamais rien dit ni rien écrit qui contredise le jugement que nous venons d’émettre et en autorise un autre.

Ces évasions d’ailleurs ne sont pas les seules qu’on relève dans l’histoire des chouans. Avant l’époque où elles s’accomplirent, on avait vu, en diverses circonstances, des royalistes retenus en prison, condamnés ou suspects, conquérir leur liberté à force d’énergie et d’audace. En 1795, raconte M. de La Sicotière dans son beau livre sur les insurrections normandes, La Haitrie, père d’un jeune chef tué dans la Mayenne, s’évada de la maison de Bicêtre d’Alençon, à l’aide d’une échelle oubliée par le jardinier. En 1796, Amelin dit la Terreur fut enlevé de l’hôpital de Bayeux par cinquante hommes. La même année, le marquis d’Autichamp disparut de la prison de Caen ainsi que Picot, Letellier et six autres détenus, Pierre Ledevin de celle de Saint-Lô. En 1797, l’amour de la fille d’un concierge ouvrit à La Hoppe de Larturière, détenu à Coutances, les portes de son cachot. En 1799, David dit Cœur de Roi, Augeard dit Blanc d’Amour et de Chavoy s’enfuirent du mont Saint-Michel, en descellant les barreaux d’une fenêtre et en se faisant une corde de leurs draps découpés en lanières et tressés.

À la même époque, divers chouans condamnés à