Page:Daudet - La doulou (la douleur) 1887 - 1895 ; Le trésor d’Arlatan (1897), 1930.djvu/73

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Le Russe aveugle, parlant de la clinique de la rue Visconti. La grande chambre où il était avec des gens inconnus, qui changeaient, qu’il n’a jamais vus, qui ne l’ont jamais vu.

Confidences du commandant B***.

Les adieux au régiment ; dernier repas au mess. Vendu son dernier cheval. Différents états de sa cécité. Des jours où, dit-il, « C’est noir… noir… ». Alors il a peur. D’autres fois, comme une éclaircie. Sa joie quand on le conduit aux répétitions. « La première chanteuse ! » Souvenirs de garnison. Domestique de cercle. Très chic.

Et moi aussi, je dis comme l’aveugle : « C’est noir… noir… ». Toute la vie a cette couleur maintenant.

Ma douleur tient l’horizon, emplit tout.

Passée, la phase où le mal rend meilleur, aide à comprendre ; celle aussi où il aigrit, fait grincer la voix, tous les rouages.

À présent, c’est une torpeur dure, stagnante, douloureuse. Indifférence à tout. Nada !… Nada !…

Mystères des maux de femmes ; maladies clitoriques. Pâmoison de cette vieille femme de soixante ans.

Héroïsme de la femme avec ses maux.

Je pense à la trépidation nerveuse qui doit agiter les filatures, les maisons de tolérance, tous les endroits où le féminin est en tas,