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Page:Daudet - Le Roman du chaperon rouge, Lévy, 1862.djvu/82

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agite dans l’air, — de toutes les forces de ses bras dodus et roses, — une bannière à fleurs d’or aussi grande que lui ; c’est ma sœur, ma petite Anna que j’ai tant pleurée.

premier damné.

Pauvre mère ! comme elle m’aimait autrefois ! — C’est elle qui m’a nourri, oui, messieurs, elle-même, — une petite femme, grosse comme le poing, — et qui n’avait pas un souffle de vie. Elle m’aimait à en mourir. — Je n’ai jamais été joyeux, — qu’elle n’ait sourit ; — triste, qu’elle n’ait pleuré. — Ah ! misère sur moi ! son cœur a bien changé, — depuis qu’elle habite là-haut.

deuxième damné.

Chère sœur, sœur adorée ! — Elle est morte le jour de sa première communion ; c’était un ange dépaysé ; mais, depuis qu’elle est retournée à son paradis, elle a bien oublié ce frère tant aimé, qui lui racontait de belles histoires, — dans les longues après-dîners d’hiver.

premier damné.

Mère, mère, un regard pour ton fils, ton cher amour d’autrefois ! — Hélas ! elle est déjà loin et mes