Page:Daudet - Le Roman du chaperon rouge, Lévy, 1862.djvu/90

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sur un cerisier ; t’en souviens-tu, Marie ? les cerises dansaient sur tes cheveux noirs, tu étais adorable ainsi ; tu en fus quitte pour un baiser sur la joue hâlée du vieux garde ; que j’ai ri ce jour-là, bon Dieu !

la maîtresse.

Allons-nous-en d’ici, saint Pierre ; ce malheureux est fou.

saint pierre, à la maîtresse.

Voyons, ma fille, cherche soigneusement dans tes souvenirs si tu n’as pas connu ce malheureux garçon quelque part ; Dieu ne t’en voudra pas, j’en suis sûr, et une bonne parole ferait tant de bien à ce pauvre damné. En conscience, te rappelles-tu Chaville, te souvient-il de Viroflay ?

la maîtresse.

Viroflay ! Chaville ! — Non ! je n’ai jamais connu ces gens-là.

saint pierre, à l’amant.

Cher et pauvre enfant, cesse tes cris et tes prières ; prières et cris n’y feront rien : elle ne se souvient pas.