Page:Daudet - Les Amoureuses, Charpentier, 1908.djvu/175

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tous vous m’avez bâti un temple au fond de votre cœur. Allez, je vous pardonne vos injures, parce que je vous aime et que vous m’aimez… Encore maintenant tu vas me devoir une journée de bonheur, vilain ingrat ! Regarde, le temps est superbe, le bois rempli de fraîcheurs silencieuses ; sur ta tête, la chanson des oiseaux ; à tes pieds, la chanson des rivières. Fermez les yeux à demi, mon doux poète ; posez votre tête sur ce banc de gazon ; laissez-vous aller, laissez-vous aller ; douze heures de rêveries devant vous ; douze belles heures en robes blanches et couronnées de fleurs. Adieu, mon poète ; les bois sont les bois, un rêveur est un rêveur… Bonsoir ! (Elle jette son cahier par-dessus les arbres.)

l’homme de lettres, assoupi.

Embrasse-moi, Chaperon-Rouge !… Dieu ! que… je… suis… bien !