Page:Daudet - Les Amoureuses, Charpentier, 1908.djvu/227

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l’amant.

Ne pourrait-on donner un peu d’air ici, messieurs ? je vous jure que je vais étouffer.

les damnés.

Dans cent mille ans, tu jureras encore que tu étouffes.

l’amant.

Non, je ne dors pas ! non, je ne rêve pas ! Jamais douleurs pareilles n’ont suivi l’homme dans ses songes. — Oh ! maintenant je me souviens.

les damnés.

Puisque tu te souviens, parle et dis-nous ton histoire,

l’amant.

Je me souviens que j’aimais une femme ; je me souviens qu’elle est morte ; je me souviens que je me suis tué pour l’aller rejoindre très vite. Le froid d’un couteau dans ma poi-