Page:Daudet - Les Amoureuses, Charpentier, 1908.djvu/232

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et vous le savez, et vous me regardez pleurer, et vous me laissez souffrir ! — Vite, vite, parlez et me dites où elle se cache, que j’aille me jeter dans ses bras !

les damnés.

Écoute : — ta maîtresse est au paradis, et cependant tu vas la voir. — Arrivé depuis hier parmi nous, tu ne connais pas encore les usages de la maison ; mais, — rassure-toi, tu auras certes bien le temps de les apprendre. Sache donc, ô damné novice ! que c’est aujourd’hui le jour de la Fête-Dieu. — Ce jour-là, — qui revient pour nous une fois par année, — les chaudières infernales cessent de bouillir, les hauts fourneaux s’éteignent, les instruments de supplice sont mis de côté, les démons se croisent les bras ; en un mot, l’enfer chôme ; puis, le plafond d’airain chauffé à blanc qui pèse sur nos têtes s’entr’ouvre, et là-haut, bien haut, nous voyons