Page:Daudet - Les Amoureuses, Charpentier, 1908.djvu/237

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autre damné.

Mes yeux et mon cœur l’ont aussi reconnu, ce petit chérubin vêtu de mousseline, à ceinture d’azur, qui agite dans l’air, — de toutes les forces de ses bras dodus et roses, — une bannière à fleurs d’or aussi grande que lui ; c’est ma sœur, ma cetitc Anna, que j’ai tant pleurée.

premier damné.

Pauvre mère ! comme elle m’aimait autrefois ! — C’est elle qui m’a nourri, oui, messieurs, elle-même, — une petite femme, grosse comme le poing, — et qui n’avait pas un souffle de vie. Elle m’aimait à en mourir. — Je n’ai jamais été joyeux, qu’elle n’ait sourit ; triste, qu’elle n’ait pleuré. Ah ! misère sur moi ! son cœur a bien changé, — depuis qu’elle habite là-haut.

deuxième damné.

Chère sœur, sœur adorée ! — Elle est