Page:Daudet - Les Amoureuses, Charpentier, 1908.djvu/246

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ces indicibles frissons qui faisaient trembler sa main sur mon bras, mon bras sous sa main, puis nos fins dîners sur l’herbe avec des baisers pour entremets, et ce jour où le garde de Viroflay la surprit grimpée sur un cerisier ; t’en souviens-tu, Marie ? les cerises dansaient sur tes cheveux noirs : tu étais adorable ainsi. Tu en fus quitte pour un baiser sur la joue hâlée du vieux garde ; que j’ai ri ce jour-là, bon Dieu !

la maîtresse.

Allons-nous-en d’ici, saint Pierre ; ce malheureux est fou.

saint pierre, à la maîtresse.

Voyons, ma fille, cherche soigneusement dans tes souvenirs si tu n’as pas connu ce malheureux garçon quelque part. Dieu ne t’en voudra pas, j’en suis sûr, et une bonne parole ferait tant de bien à ce pauvre damné ! En conscience, te rappelles-tu Chaville ? te souvient-il de Viroflay ?