Page:Daudet - Les Amoureuses, Charpentier, 1908.djvu/96

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Qui dit juive dit belle fille,
Et pourtant n’en dit pas assez
Sur cette chair dorée et ferme,
Sur ces cils longs et retroussés
Qui s’allongent quand l’œil se ferme ;
Ces cheveux roux si bien tressés,
Ces pieds mignons si mal chaussés,
Et la double pêche qu’enferme
Le plus naturel des corsets ;
Bref, sur toute la portraiture
De la charmante créature
Dont André fut assez heureux
Pour être aimé, — quoique amoureux.
En un rien, la chose fut faite :
Mieux que moi vous savez comment
Se passe un pareil tête-à-tête ;
L’amoureux est toujours très bête,
On le trouve toujours charmant ;
Il pousse un soupir, — elle un autre.
« — Quel est ton nom ? — Quel est le vôtre ?
« — Je m’appelle André. — Moi, Sarah. »
Chacun se rapproche en cachette,