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Page:Daudet - Lettres de mon moulin.djvu/155

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LES VIEUX.

du… Seigneur… Il… faut… que… je… sois… mou… lu… par… la… dent… de… ces… a… ni… maux… Je m’approchai doucement de cette porte et je regardai.

Dans le calme et le demi-jour d’une petite chambre, un bon vieux à pommettes roses, ridé jusqu’au bout des doigts, dormait au fond d’un fauteuil, la bouche ouverte, les mains sur ses genoux. À ses pieds, une fillette habillée de bleu, — grande pèlerine et petit béguin, le costume des orphelines, — lisait la Vie de saint Irénée dans un livre plus gros qu’elle… Cette lecture miraculeuse avait opéré sur toute la maison. Le vieux dormait dans son fauteuil, les mouches au plafond, les canaris dans leur cage, là-bas sur la fenêtre. La grosse horloge ronflait, tic tac, tic tac. Il n’y avait d’éveillé dans toute la chambre qu’une grande bande de lumière qui tombait droite et blanche entre les volets clos, pleine d’étincelles vivantes et de valses microscopiques… Au milieu de l’assoupissement général, l’enfant continuait sa lecture d’un air grave :