Page:Daudet - Lettres de mon moulin.djvu/164

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
156
LETTRES DE MON MOULIN.

— Vous êtes bien heureux, vous, de pouvoir en manger !… C’est ma femme qui les a faites… Vous allez goûter quelque chose de bon.

Hélas sa femme les avait faites, mais elle avait oublié de les sucrer. Que voulez-vous ? on devient distrait en vieillissant. Elles étaient atroces, vos cerises, ma pauvre Mamette… Mais cela ne m’empêcha pas de les manger jusqu’au bout, sans sourciller.




Le repas terminé, je me levai pour prendre congé de mes hôtes. Ils auraient bien voulu me garder encore un peu pour causer du brave enfant, mais le jour baissait, le moulin était loin, il fallait partir.

Le vieux s’était levé en même temps que moi.

— Mamette, mon habit !… Je veux le conduire jusqu’à la place.

Bien sûr qu’au fond d’elle-même Mamette trouvait qu’il faisait déjà un peu frais pour me conduire jusqu’à la place ; mais elle n’en