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Page:Daudet - Lettres de mon moulin.djvu/176

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LETTRES DE MON MOULIN.

préfet, ravi du silence et de la fraîcheur du bois, relève les pans de son habit, pose son claque sur l’herbe et s’assied dans la mousse au pied d’un jeune chêne ; puis il ouvre sur ses genoux sa grande serviette de chagrin gaufré et en tire une large feuille de papier ministre.

— C’est un artiste ! dit la fauvette.

— Non, dit le bouvreuil, ce n’est pas un artiste, puisqu’il a une culotte en argent ; c’est plutôt un prince.

— C’est plutôt un prince, dit le bouvreuil.

— Ni un artiste, ni un prince, interrompt un vieux rossignol, qui a chanté toute une saison dans les jardins de la sous-préfecture… Je sais ce que c’est : c’est un sous-préfet !

Et tout le petit bois va chuchotant :

— C’est un sous-préfet ! c’est un sous-préfet !

— Comme il est chauve ! remarque une alouette à grande huppe.

Les violettes demandent :

— Est-ce que c’est méchant ?