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À MILIANAH.

Chez Sid’Omar, dîner somptueux. — La salle à manger ouvre sur une élégante cour moresque, où chantent deux ou trois fontaines… Excellent repas turc, recommandé au baron Brisse. Entre autres plats, je remarque un poulet aux amandes, un cousscouss à la vanille, une tortue à la viande, — un peu lourde mais du plus haut goût, — et des biscuits au miel qu’on appelle bouchées du kadi… Comme vin, rien que du champagne. Malgré la loi musulmane Sid’Omar en boit un peu, — quand les serviteurs ont le dos tourné… Après dîner, nous passons dans la chambre de notre hôte, où l’on nous apporte des confitures, des pipes et du café… L’ameublement de cette chambre est des plus simples : un divan, quelques nattes ; dans le fond, un grand lit très haut sur lequel flânent de petits coussins rouges brodés d’or… À la muraille est accrochée une vieille peinture turque représentant les exploits d’un certain amiral Hamadi. Il paraît qu’en Turquie les peintres n’emploient qu’une couleur par tableau : ce tableau-ci est voué