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LETTRES DE MON MOULIN.

Ran plan plan ! Ran plan plan !…

« Qu’elle est belle, la grande caserne, avec sa cour aux larges dalles, ses rangées de fenêtres bien alignées, son peuple en bonnet de police, et ses arcades basses pleines du bruit des gamelles !… »

Ran plan plan ! Ran plan plan !…

« Oh ! l’escalier sonore, les corridors peints à la chaux, la chambrée odorante, les ceinturons qu’on astique, la planche au pain, les pots de cirage, les couchettes de fer à couverture grise, les fusils qui reluisent au râtelier ! »

Ran plan plan ! Ran plan plan !

« Oh ! les bonnes journées du corps de garde, les cartes qui poissent aux doigts, la dame de pique hideuse avec des agréments à la plume, le vieux Pigault-Lebrun dépareillé qui traîne sur le lit de camp !… »

Ran plan plan ! Ran plan plan !

« Oh ! les longues nuits de faction à la porte des ministères, la vieille guérite où la pluie entre, les pieds qui ont froid !… les voitures de gala qui vous éclaboussent en