Page:Daudet - Numa Roumestan, Charpentier, 1881.djvu/177

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autour du salon ; et la figure des écharpes terminée, elle venait vers sa sœur, lui disait tout bas : « Nous voilà bien… Numa qui m’a promise à ses trois secrétaires !

— Lequel prends-tu ? »

Sa réponse fut arrêtée net par un roulement de tambourin.

« La farandole !… La farandole !… »

Une surprise du ministre à ses invités. La farandole pour finir le cotillon, le Midi à outrance, et zou !… Mais comment cela se danse-t-il ?… Les mains s’attirent et se joignent, les salons se mêlent, cette fois. Bompard indique gravement « comme ceci, mesdemoiselles » en battant un entrechat et, Hortense en tête, la farandole se déroule à travers la longue enfilade des salons, suivie de Valmajour jouant avec une gravité superbe, fier de son succès et des regards que lui vaut sa mâle et robuste tournure dans un costume original.

— Est-il beau, dit Roumestan, est-il beau !… Un pâtre grec !

De salle en salle, la danse rustique, plus nombreuse et plus entraînée, poursuit et chasse l’ombre de Frayssinous. Sur les grandes tapisseries d’après Boucher et Lancret, les personnages s’agitent réveillés par des airs du vieux temps ; et les culs-nus d’amours, qui se roulent aux frises, prennent aux