Page:Daudet - Port-Tarascon, 1890.djvu/153

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décidaient à opter pour Port-Tarascon, disant à Scrapouchinat :

« Je reste parce que ma femme va s’accoucher, sans quoi… »

Et à Tartarin :

« Pour rien au monde je ne ferai route encore avec cet ostrogoth. »

Enfin, après bien des tiraillements, le partage se termina tant bien que mal. La Tarasque restait à ceux du navire en échange d’une caronade et d’une chaloupe.

Tartarin avait arraché, pièce à pièce, vivres, armes et caisses d’outils.

Pendant plusieurs jours il y eut un perpétuel va-et-vient de canots chargés de mille choses, fusils, conserves, boîtes de thon et de sardines, biscuits, provisions de pâtés d’hirondelles et de pains-poires.

En même temps la cognée résonnait dans les bois, où l’on faisait force abattages pour la réparation de la grande maison et du blockhaus. Les sonneries du clairon se mêlaient au bruit des haches et des marteaux. Dans le jour les miliciens en armes gardaient les travailleurs, par crainte d’une attaque des sauvages ; la nuit, ils restaient campés sur le rivage, autour des bivouacs. « Pour