Page:Daudet - Port-Tarascon, 1890.djvu/188

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Il s’approcha du roi et frotta son nez contre le sien. Le sauvage parut très surpris, car cet usage n’existait plus depuis longtemps chez ces peuplades. Pourtant le roi se laissa faire, croyant sans doute à quelque tradition tarasconnaise ; et les autres prisonniers, voyant cela, même la petite Likiriki qui n’avait qu’un petit nez de chat, presque pas de nez du tout, voulurent absolument exécuter la même cérémonie avec Tartarin.

Quand on se fut bien frotté le nez, il s’agit d’entrer en communication par la parole avec ces animaux. Le Père Bataillet leur parla d’abord son papoua de par là-bas, mais comme ce n’était pas le papoua de par ici, naturellement ils n’y comprirent goutte. Cicéron Branquebalme, qui savait à peu près l’anglais, essaya de cette langue. Excourbaniès leur bredouilla quelques mots d’espagnol, mais sans plus de succès l’un que l’autre.

« Faisons-les toujours manger, » dit alors Tartarin.

On ouvrit quelques boites de thon. Cette fois les sauvages comprirent, se jetèrent aussitôt sur les conserves, et les dévorèrent gloutonnement, vidant les boites, les net-