Page:Daudet - Port-Tarascon, 1890.djvu/210

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Il a cru d’abord à quelque nouveau tour de Négonko et de sa bande, dont nous continuons à nous méfier ; mais dans le trou laissé par l’arrachement de l’anneau s’étalait, toute trempée d’eau et salie de boue, une large enveloppe à l’adresse du Gouverneur.

Cette enveloppe contenait les cartes P. P. C. de Costecalde, de Barban et de Rugimabaud ; sur la carte de Barban avaient également signé et pris congé quatre miliciens Caissargue, Bouillargue, Truphénus et Roquetaillade.

Depuis quelques jours la chaloupe se trouvait toute prête, garnie de provisions, en vue d’une nouvelle expédition projetée par le R. P. Bataillet. Les misérables ont profité de cette aubaine. Ils ont tout emporté, même la boussole, et leurs fusils par-dessus le marché.

Et dire que les trois premiers sont mariés, qu’ils laissent derrière eux des femmes et une tapée d’enfants ! Les femmes passe encore de les abandonner ainsi, mais des enfants !

Le sentiment général de la colonie à la suite de cet événement, une grande stupeur.