Page:Daudet - Port-Tarascon, 1890.djvu/217

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plus probants encore, je n’y voulais pas croire ; mais le doute ne m’est plus permis.


18 décembre. — Ce matin, au conseil, le Gouverneur s’est ouvert à nous de son projet de mariage avec la petite princesse.

Il a prétexté la politique, parlé d’un mariage de convenances, des intérêts de la colonie : Port-Tarascon était isolé, perdu dans l’Océan, sans alliances. En épousant la fille d’un roi papoua, il nous amenait une flotte, une armée.

Personne dans le conseil n’a fait d’objection.

Excourbaniès, le premier, s’est élancé, trépignant d’enthousiasme « Bravo !… Parfait !… À quand la noce ?… Ah ! ah ! ah !… » Ce soir, en ville, qui sait ce qu’il va répandre d’infamies.

Cicéron Branquebalme, par habitude, a dévidé ses implacables raisonnements sur le pour et sur le contre, « que si d’une part la colonie…, il convient de dire que d’autre part…, toutefois et quantes… verum enim vero… », et finalement il s’est rangé à l’opinion du Gouverneur.

Beaumevieille et Tournatoire ont emboîté