Page:Daudet - Port-Tarascon, 1890.djvu/328

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De tous côtés des cris partaient :

« La lettre !…, la lettre !…

— Enlevez-le, zou !

— Qu’il lise la lettre ! »

Cédant lui-même à la volonté de la foule, le président Mouillard prononça :

« Greffier, donnez lecture de la pièce. »

Un immense « Ah » de soulagement ; et, dans le silence qui suivit, rien que le bourdonnement des mouches d’août et le cra-cra des cigales qui rythmait le battement des poitrines haletantes.

Le greffier commença en nasillant :

« À monsieur Gonzague Bompard, Gouverneur provisoire de la colonie de Port-Tarascon, pour être ouvert par 144° 30’ longitude Est, en face les îles de l’Amirauté.

Mon cher monsieur Bompard,

Il n’est si bonne plaisanterie qui ne doive prendre fin.

Virez de bord tout de suite et rentrez tranquillement chez vous avec vos Tarasconnais.

Il n’y a pas d’île, pas de traité, pas de Port-Tarascon, ni d’ares, ni d’hectares, ni