Page:Daudet - Port-Tarascon, 1890.djvu/354

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Tartarin. Celui-ci prit la lunette, lui aussi, et la lâcha pour faire aller ses bras en signe de connaissance ; mais c’était si loin, si petit, si vague, que je n’eus pas l’émotion que j’aurais cru ressentir.

Ce matin, tout angoissé sans savoir pourquoi, je suis sorti en ville, pour ma barbe, comme tous les dimanches, et j’ai été frappé de voir le ciel voilé, roux, un de ces ciels sans lumière qui mettent en valeur les arbres, les bancs, les trottoirs, les maisons. J’en ai fait la remarque en entrant chez Marc-Aurèle, le barbier.

« Quel drôle de soleil ! Il ne chauffe pas, n’éclaire pas… Est-ce qu’il y a une éclipse ?

— Comment, monsieur Pascalon, vous ne le savez pas ?… Elle est annoncée depuis le premier du mois. »

Et en même temps qu’il me tenait par le nez avec le rasoir tout près :