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Page:Daudet - Révélation d'un grand romancier, paru dans L'Action française, 07-04-1926.djvu/4

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Ne nous y trompons pas une minute. La façon dont est traité le sujet — en dehors même de son importance et de son universalité — classe immédiatement M. Georges Bernanos sur le plan d’un Balzac ou d’un Barbey d’Aurevilly. Ce que je suis le premier à annoncer ici ce matin, avec une sécurité absolue, sera bientôt banal et courant. Car un certain génie [ingenium] s’impose comme un coup frappé sur l’airain, et rien, une fois qu’il s’est produit, ne saurait arrêter tel ébranlement sonore, ni ses ondes de propagation. Il était à prévoir que le renouveau littéraire succédant aux convulsions de la guerre et à leurs répercussions immenses — en dépit de la phraséologie des assemblées et de la débilité mentale de nos contemporains en général — serait de l’ordre métaphysique, transcendantal, quasi mystique, ainsi qu’après toute diluvienne effusion de sang. Car là seulement un auteur qui sent vivement, et qui voit grand, peut trouver ce refuge de paix, de consolation et de justice, après quoi Gœthe, pour prendre un seul exemple, a couru toute sa vie sans l’atteindre.

Beaucoup de jeunes écrivains, et très bien doués, ont eu le sentiment qu’il importait