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Page:Daudet - Rose et Ninette, Le trésor d'Arlatan, La Fédor, 1911.djvu/134

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ROSE ET NINETTE

Il les a vues, par le vitrage, sonner à la porte d’entrée ; et tout heureux, autant pour son propre compte que de la joie qu’il apporte à Régis, l’enfant bat des mains, jette un baiser à sa mère et s’élance au-devant de Ninette, qui paraît la première, la tête haute, la voilette au menton, écartant le petit d’un geste indifférent et distrait.

« C’est nous, père. »

Elle s’est arrêtée au milieu de la pièce, dévisageant Mme Hulin comme si elle ne s’attendait pas à la trouver là.

« Mes filles !… mes filles !… » crie Fagan bouleversé, les bras ouverts.

Mais Rose, qui vient d’entrer, reste immobile, en arrêt comme sa sœur devant la même apparition. Il s’émeut :

« Eh bien, mes enfants ? Qu’y a-t-il ?

— Il y a, mon père, — c’est la grande Rose qui parle, une main sur l’épaule de la petite sœur, l’autre tendue d’un geste de mélodrame, vibrant et convenu comme le trémolo de sa voix, — il y a que nous ne resterons pas une minute de plus ici, Ninette et moi, si tu n’ordonnes pas à cette femme de sortir. »

Prenant son petit garçon déjà réfugié dans ses jupes, Pauline Hulin allait l’emmener, mais Fagan la retint vivement par le bras, et dressé sur son lit :

« Sortir, vous, la dévouée, l’infatigable, vous