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Page:Daudet - Rose et Ninette, Le trésor d'Arlatan, La Fédor, 1911.djvu/149

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ROSE ET NINETTE

tenta de raconter l’entrevue, ce qui regardait du moins le mariage de sa fille.

« Ah ! mon amie, comme vous aviez raison ! … Quel méli-mélo que le divorce, et les bizarres combinaisons qu’il amène !… Rose se mariera dans quelques jours, et son mariage est tout ce qu’il y a de plus régulier, mais, ses parents étant divorcés, voici l’étrange spectacle que la noce présentera… »

Il s’amusait à détailler le cortège : lui en tête, le père menant la mariéé… Derrière eux Mme La Posterolle, la maman, mais ne portant plus le même nom que sa fille… Enfin La Posterolle, l’homme de toutes les convenances, figurant aussi dans le défilé et s’y trouvant très bien à sa place.

« Vous représentez-vous ça montant l’interminable escalier de la Madeleine, l’entrée de ça par le grand portail, et toutes les flammes des cierges, toutes les ondes de l’orgue pour accueillir cette cacophonie… Ah ! si Paris savait rire encore… »

Lui, Fagan, ne riait pas, blessé dans son amour paternel, ses filles définitivement perdues. Et, comme Pauline essayait de protester une fois de plus en leur faveur, Régis eut un sourire rapide et grimaçant, désillusionné jusqu’aux larmes :

« Non, mon amie, vous vous trompez : mes enfants ne sont plus à moi ; cette méchante