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Page:Daudet - Rose et Ninette, Le trésor d'Arlatan, La Fédor, 1911.djvu/321

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LA LEÇON D’HISTOIRE

un objet de mépris et de haine. Le peuple en fit une injure, et le sentiment national est si fort dans ce diable de pays que le roi George eut la main forcée. Un an après sa catastrophe, l’amiral Byng fut traduit devant un conseil de guerre.

LE MARÉCHAL.

Encore comme moi !…

L’AIDE DE CAMP.

Le procès fut long, très embrouillé. La politique, les cours étrangères, tout le monde s’en mêla. Byng écrivit mémoires sur mémoires. Il invoqua le témoignage de ses officiers ; il eut même recours à ses vainqueurs, à La Galissonnière, à Richelieu, dont une lettre tout à l’honneur de l’amiral figure au procès.

LE MARÉCHAL.

Mais c’est tout à fait comme moi… Ah ! çà, j’espère bien qu’ils l’ont acquitté ?…

L’AIDE DE CAMP.

Non, maréchal. On tenait à faire un exemple… Byng fut condamné à l’unanimité.

LE MARÉCHAL.

À quoi le condamna-t-on ?… À la dégradation ?