Aller au contenu

Page:Daudet - Sapho, 1884.djvu/114

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

cérébraux qui venaient de se produire et qu’il attribuait à l’emploi de certains médicaments. Pendant qu’immobile, ses gros sourcils baissés sur ses petits yeux aigus et fouilleurs, il écrivait une longue lettre à son confrère d’Avignon, l’oncle et le neveu écoutaient, retenant leur souffle, le grincement de cette plume qui couvrait pour eux, à elle seule, toute la rumeur du Paris luxueux ; et subitement leur apparaissait la puissance du médecin dans les temps modernes, dernier prêtre, croyance suprême, invincible superstition…

Césaire sortit de là, sérieux et refroidi :

— Je rentre à l’hôtel boucler ma malle, l’air de Paris est mauvais pour moi, vois-tu, petit… si j’y restais, je ferais des bêtises. Je prendrai ce soir le train de sept heures, excuse-moi près de ma nièce, hé ?

Jean se garda bien de le retenir, effrayé de son enfantillage, de sa légèreté ; et le lendemain, en s’éveillant, il se félicitait de le savoir rentré, sous clé, près de Divonne, quand on le vit apparaître, la figure à l’envers, le linge en désordre :

— Bon Dieu ! mon oncle, que vous arrive-t-il ?