Page:Daudet - Sapho, 1884.djvu/139

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page, où il lut « … rester jusqu’à la mort ton chien qui t’aime, que tu peux battre, et qui te caresse passionnément… ».

Elle n’avait donc pas reçu sa lettre ! Mais, reprise ligne à ligne et les larmes aux yeux, celle-ci était bien une réponse, disait bien que Fanny s’attendait depuis longtemps à cette mauvaise nouvelle, à la détresse de Castelet amenant l’inévitable séparation. Tout de suite elle s’était mise en quête d’une occupation pour ne plus rester à sa charge, et elle avait trouvé la gérance d’un hôtel meublé, avenue du Bois-de-Boulogne, au compte d’une dame très riche. Cent francs par mois, nourrie, logée et la liberté des dimanches…

« Tu entends, mon homme, tout un jour par semaine pour nous aimer ; car tu voudras bien encore, dis ? Tu me récompenseras du grand effort que je fais de travailler pour la première fois de ma vie, de cet esclavage de nuit et de jour que j’accepte, avec des humiliations que tu ne peux te figurer et qui seront bien lourdes à ma folie d’indépendance… Mais j’éprouve un contentement extraordinaire à souffrir par amour de toi. Je te dois tant, tu