Page:Daudet - Sapho, 1884.djvu/283

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et sourd comme devant quelque chose d’horrible qu’elle chassait et revoyait toujours.

Puis, plus rien. C’est fini, la bête est morte… Une bise froide se lève, froisse les branches, apportant l’écho d’une heure lointaine.

— Allons, viens, ne reste pas là.

Il la soulève doucement, la sent molle dans ses mains, obéissante comme un enfant et convulsionnée de gros soupirs. Il semble qu’elle garde une peur, un respect de l’homme qui vient de se montrer si fort. Elle marche à côté de lui, de son pas, mais timidement, sans lui donner le bras ; et à les voir ainsi, chancelants et mornes, par les allées où les guide le reflet jaune du terrain, on dirait un couple de paysans, qui rentre harassé d’une longue fatigue en plein air.

À la lisière, une lueur apparaît, la porte ouverte d’Hochecorne, éclairant la silhouette arrêtée de deux hommes :

— Est-ce vous, Gaussin ? demande la voix d’Hettéma qui s’approche avec le garde.

Ils commençaient à être inquiets de ne pas les voir revenir, et de ces