Page:Daudet - Sapho, 1884.djvu/311

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cette faiblesse, n’ayant plus après tout ni droit, ni responsabilité sur cette existence. Devant une maison de la rue de Beaune, une très ancienne rue du Paris aristocratique d’autrefois où ils venaient de s’engager, de Potter s’arrêta. C’est là qu’il demeurait ou qu’il était censé demeurer pour les convenances, pour le monde, car réellement son temps se passait avenue de Villiers ou à Enghien, et il ne faisait que des apparitions au domicile conjugal, pour empêcher que sa femme et son enfant n’eussent l’air trop abandonnés.

Jean suivait sa route, esquissant déjà un adieu, mais l’autre lui retint la main dans ses longues mains dures de briseur de clavier et, sans le moindre embarras, comme un homme que son vice ne gêne plus :

— Rendez-moi donc un service… montez avec moi. Je devais dîner chez ma femme aujourd’hui, mais je ne peux vraiment pas laisser ma pauvre Rosa toute seule à son désespoir… Vous servirez de prétexte à ma sortie et m’éviterez une explication ennuyeuse.