Page:Daudet - Sapho, 1884.djvu/34

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— Puisque je te dis que je suis libre, que je suis seule…

Et la fatigue de la partie de campagne aidant, elle l’entraîna rue de l’Arcade, tout près de la gare. À l’entresol d’une maison bourgeoise d’apparence honnête et cossue, une vieille servante en bonnet paysan, l’air revêche, vint leur ouvrir.

— C’est Machaume… Bonjour Machaume… dit Fanny lui sautant au cou. Tu sais, le voilà mon aimé, mon roi… je l’amène… Vite, allume tout, fais la maison belle…

Jean resta seul dans un tout petit salon aux fenêtres cintrées et basses, drapées de la même soie bleue banale qui couvrait les divans et quelques meubles laqués. Aux murs trois ou quatre paysages égayaient et aéraient l’étoffe ; tous portaient un mot de dédicace : « À Fanny Legrand », « À ma chère Fanny… ».

Sur la cheminée, un marbre demi-grandeur de la Sapho de Caoudal, dont le bronze est partout, et que Gaussin dès sa petite enfance avait vu dans le cabinet de travail de père. Et à la lueur de l’unique bougie