Page:Daudet - Sapho, 1884.djvu/60

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qui allait avec sa taille militaire et sa rosette d’officier, avait auprès de lui l’ingénieur Déchelette arrivé de la veille, toujours le même, hâlé et jaune, ses pommettes en saillie remontant ses petits yeux bons, sa narine gourmande qui reniflait Paris. Dès que le jeune homme fut assis, Caoudal, le montrant avec une fureur comique :

— Est-il beau, cet animal-là… Dire que j’ai eu cet âge et que je frisais comme ça… Oh ! la jeunesse, la jeunesse…

— Toujours donc ? fit Déchelette saluant d’un sourire la toquade de son ami.

— Mon cher, ne riez pas… Tout ce que j’ai, ce que je suis, les médailles, les croix, l’Institut, le tremblement, je le donnerais pour ces cheveux-là et ce teint de soleil…

Puis revenant à Gaussin avec sa brusque allure :

— Et Sapho, qu’est-ce que vous en faites ?… On ne la voit plus.

Jean arrondissait les yeux, sans comprendre.

— Vous n’êtes donc plus avec elle ?

Et devant son ahurissement, Caoudal ajouta sur