Page:Daudet - Sapho, 1884.djvu/76

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beaux yeux d’un gris frissonnant et changeant à chaque impression :

— … Tu ne garderais pas des choses qui te le rappellent… oui, là-haut dans l’armoire…

Le gris se velouta d’un noir d’ombre :

— Tu sais donc ?

Tout ce fatras de lettres d’amour, de portraits, ces archives galantes et glorieuses sauvées de tant de débâcles, il allait donc falloir s’en défaire !

— Au moins me croiras-tu après ?

Et sur un sourire incrédule qui la défiait, elle courut chercher le coffret de laque dont les ferrures ciselées entre les piles délicates de son linge avaient si fort intrigué son amant depuis quelques jours.

— Brûle, déchire, c’est à toi…

Mais il ne se pressait pas de tourner la petite clef, regardait les cerisiers à fruits de nacre rose et les vols de cigognes incrustés sur le couvercle qu’il fit sauter brusquement… Tous les formats, toutes les écritures, papiers de couleur aux en-têtes dorés, vieux billets jaunis cassés aux pliures, griffonnages au crayon sur des feuilles de carnet, des cartes