Page:Daudet - Souvenirs d’un homme de lettres, 1889.djvu/146

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auraient-ils pu réfléchir, chercher dans quel but j’aurais fait ce dont ils m’accusaient. Je n’ai besoin de rien ni de personne, je vis chez moi, je ne sollicite ni emplois, ni distinction, ni avancement. Alors pourquoi ?

Quant au reproche d’avoir écrit un pamphlet de parti pris, il n’est pas plus vrai. Le livre et la pièce restent au-dessous de la vérité. J’ai laissé à la royauté une part assez belle ; si cette part n’est pas meilleure, à qui la faute ? La monarchie a posé devant moi ; comme toujours j’ai écrit d’après nature. D’ailleurs je n’ai pas été le premier à constater l’affaissement des âmes royales en exil. Dans les admirables « Mémoires d’outre-tombe », que j’avais eus tout le temps sur ma table, en travaillant, Chateaubriand raconte avec autrement de cruauté que moi la niaiserie, l’aveuglement de la cour de Charles X en Angleterre.

« De son sopha, Madame voyait à travers la fenêtre ce qui se passait au dehors, elle nommait les promeneurs et les promeneuses. Arrivèrent deux petits chevaux avec deux jockeys vêtus à l’écossaise. Madame cessa