Page:Daudet - Souvenirs d’un homme de lettres, 1889.djvu/182

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pas… » Puis, lorsque las d’attendre, de voir tout entravé par le caprice d’un seul, vous vous disposiez à envoyer le grand comédien au diable, il arrivait à la répétition, dispos, souriant, sachant déjà son rôle par cœur et faisant flamber les planches rien que de poser le pied dessus. Mais vous n’en aviez pas fini avec ses fantaisies, et jusqu’au jour de la représentation il fallait s’attendre à de terribles secouées. Ce jour-là, il est vrai, la verve incomparable de ce singulier artiste qui se transfigurait dans la lumière de la rampe, ses effets inconscients, toujours sûrs, toujours compris, son action irrésistible sur le public, vous payaient bien de toutes vos misères.