Page:Daudet - Souvenirs d’un homme de lettres, 1889.djvu/267

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

sentier tortueux, garanti entre ces traîtres petits murs bretons, construits en pierre plate, pleins d’embranchements et de détours.

Chemin faisant, nous remarquons la flore de l’île, étonnante sur ce rocher battu des vents : les lys de Houat, doubles et odorants comme les nôtres, de larges mauves, des rosiers rampants et l’œillet maritime dont le parfum léger et fin forme une harmonie de nature avec le chant grêle des alouettes grises dont l’île est remplie. Des champs de blé frais coupé et de pommes de terre s’étendent autour de nous ; mais dans toutes les terres en jachère, la lande, la triste lande, solide, armée, court, escalade, s’attache, fleurie de jaune parmi ses épines. À notre approche, les troupeaux se détournent ; les vaches habituées à la coiffe plate et au chapeau du Morbihan, nous suivent longtemps de leurs gros regards immobiles. Partout nous rencontrons le bétail groupé, dispersé, libre d’entraves et de toute surveillance.

Enfin, dans un pli du sol, abrité des ou-